John Entwistle ou "The Ox", "Thunderfingers", "The Quiet One"... Jamais avant lui la basse n'avait sonné de cette façon, il fut un précurseur pour les bassistes rock et hard des décennies suivantes (Flea, John Paul Jones, Lemmy, Steve Harris d'Iron Maiden...). Ce son énorme, distordu, parfois assimilable à la guitare (écoutez les versions live de "Pïnball Wizard", c'est tout bonnement incroyable...) est pour une grande part dans l'alchimie toute particulière des Who (en même temps, pour rivaliser avec le boucan de Moon et Townshend, il n'avait pas trop le choix!).

John Alec Entwistle naît le 9 octobre 1944 à Chiswick, dans la banlieue londonienne. Il grandit dans une famille qui l'encourage à jouer divers instruments (sa mère, surnommée "Queenie", est elle-même une férue de danse et de jazz). Il se forme à la trompette, au cor et au piano (ce qui lui sera très utile plus tard en ce qui concerne les arrangements des Who), avant de passer à la guitare puis à la basse à l'adolescence.

Il rejoint divers orchestres de trad jazz (en vogue dans l'Angleterre de la fin des années 50). La rencontre avec un dénommé Roger Daltrey est décisive, ce dernier lui propose de rejoindre son orchestre, The Detours (qui essaie de marier trad jazz, skiffle, rock n' roll, un joyeux gloubiboulga quoi!!!). Lorsqu'il sera question d'embaucher un autre guitariste, Entwistle pense à un de ses anciens partenaires, un certain Pete Townshend... La gestation des Who est en marche (elle sera définitive avec l'arrivée de Keith Moon en 1964)!

John Entwistle développe ce jeu très puissant et particulier afin de se faire entendre dans le vacarme ambiant. Doté d'une forte personnalité, à l'instar des autres membres du groupe, Entwistle ne se voyait pas être relégué à l'arrière-plan comme la plupart des bassistes de l'époque. Son style (jeu aux doigts, arpèges et riffs rapides) joué à un un volume assourdissant prenait toute son ampleur sur scène, où Townshend et lui s'échangeait parfois les rôles. Entwistle pouvait ainsi laisser libre cours à son imagination en jouant des lignes mélodiques tandis que Townshend posait les fondations derrière!

Il reconnaissait pour influences les guitaristes Duane Eddy et Cliff Gallup (toujours une preuve de bon goût, n'est-ce pas Lovemetender!), les bassistes soul comme l'immense James Jamerson de la Tamla-Motown.

En ce qui concerne son jeu de scène, il tenait aussi à mettre en avant son originalité en ne...bougeant pas! Avec les pitreries et les fulgurances des trois autres zigotos, il pensait que c'était ce qu'il avait de mieux à faire... Il était d'une constitution physique robuste, et se laissait aller à des excès de boisson et de drogue (cocaïne) qui inquiétaient Townshend lui-même! D'où le surnom qui lui fut attribué, "The Ox" ou "Le Boeuf"! Toutefois il était une personne toujours civilisée et calme quelque soit son état psychique et physique, aux dires de ceux qui l'ont cotoyé. Il ne prit part que très peu souvent aux débordements de violence caractéristiques des Who sur scène et dans les hôtels.

Au-delà de son jeu de basse, sa contribution à la musique des Who s'est manifestée par son statut de "second" compositeur derrière Townshend. Il a apporté au groupe quelques compositions marquantes : "Boris The Spider", "Cousin Kevin", "My Wife", "Heaven And Hell", et quelques petites perles moins connues comme "Someone's Coming", ""Whiskey Man", "Fiddle About" ou "Success Story". Son talent de compositeur laissait souvent la part belle à de petits récits plein d'un humour volontiers noir et à des tendances sadiques ("Cousin Kevin" est troublante...). Il débuta une carrière solo parallèle aux Who en 1971 qui ne rencontrera pas un immense succès. Malgré la très grande valeur d'un album comme "Smash Your Head Against The Wall" qui n'a rien à envier aux plus grands albums des Who!

Malheureusement, les années 80 et 90 furent très difficiles pour le vieux guerrier. Il persista à garder le même train de vie malgré la séparation des Who et les royalties moins grandes qui en découlèrent. Il fut endetté jusqu'au cou, conduisant Townshend à reformer le groupe occasionnellement pour renflouer son vieux pote. Et là, la magie opérait toujours. "Thunderfingers" n'avait rien perdu de sa superbe, et estomaquait des foules entières sur des solos d'anthologie sur son morceau de bravoure, "5.15".

Mais à la veille d'une nouvelle tournée US en juin 2002, "Le Boeuf" a commis l'excès de trop...On le retrouva mort dans une chambre d'hôtel de Las Vegas en compagnie de prostituées : arrêt cardiaque dû à une overdose de cocaïne...

Et depuis, Keith Moon a enfin retrouvé son vieux compagnon de jeu. Nul doute qu'ils doivent bien faire chier les anges en jouant à fond les ballons!!! La meilleure section rythmique de l'histoire du rock est à nouveau réunie...

John Entwistle (the who)

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