Kurt Cobain (20 février 1967-5 avril 1994)
Hier, cela faisait 15 ans jour pour jour que disparaissait Kurt Cobain... Putain...que le temps passe vite ! Avec ce mec remonte à la surface toute une palanquée d'émotions, de souvenirs, de colères juvéniles. Les enfants du baby-boom ont eu Elvis, les Beatles ou Dylan ; nous, les 25-40 ans nous aurions Kurt comme symbole rock absolu! Et il me plait à voir les mômes d'aujourd'hui perpétuer sa mémoire en jouant ses chansons dans des groupes lycéens, à porter des T-Shirts certes mercantiles.. mais à la rigueur, ça vaut toujours mieux que Tokio Hotel, hein ?
Les générations précédentes ont eu des idoles qui collaient pile-poil à leurs aspirations naissantes : Elvis permettait la libération du corps, Dylan celle de l'esprit, James Brown accompagnait les revendications légitimes de la population afro-américaine, Joe Strummer chantait les temps de crise du tournant des années 80... Et Cobain a su exposer et exploser nos griefs à l'intérieur de bombinettes à retardement de 4 minutes chrono. Une génération qui en voulait aux baby-boomers et aux soixante-huitards d'avoir cessé à vouloir changer le monde en prenant la place de leurs ainés (voyez les médias, il y'en a plein qui se sont renié... Pas besoin de les citer, ils n'en valent que rarement la peine!). Une génération qui rejettait en bloc ces années 80 empestées par le cynisme et le culte du fric-frime roi (tiens tiens.. toutes ressemblances avec les années 2000 seraient bien évidemment fortuites!), années du SIDA, du chômage de masse... Bref, génération du malaise...
On pense parfois que Cobain n'était qu'un braillard sans talent qui grattait des riffs simplistes sur des guitares désaccordées... FUCK ! Un mec qui a écrit en l'espace de moins de cinq ans des choses comme "Smells Like Teen Spirit", "Lithium", "In Bloom", "Come As You Are", "About A Girl", "Negative Creep", "Something In The Way", "Breed", "Serve The Servants", "Heart-Shaped Box", "Rape Me" ou bien encore "Frances Farmer Will Have Her Revenge On Seattle" ne mérite pas la condescendance ou le mépris! Et cet "Unplugged" qui lui a servi d'épitaphe avec ses reprises terminales et défintives de Bowie et Leadbelly ? C'était du mou de veau ?
Bien sur que Cobain a participé à l'éclosion du son de Seattle avec Mudhoney, Soundgarden, Green River, les Screaming Trees du fabuleux Mark Lanegan (désolé Olivier, PJ et AIC font partie selon moi de la seconde génération qui n'a pas tourné autour de Sub Pop, mais qui a eu accès directement aux majors!)... Ce son volontiers sale et rude pour jurer avec le clinquant et les synthés en toc des méga-stars MTV de ces eighties honnies. Ce son qui sonne comme une accolade fraternelle en direction des vieux héros punks bouffés par la machine : les Iggy, Rotten, Strummer, Wayne Kramer, Thunders... Un son qui était raccord avec l'apparence débraillée des zicos que ces gros nazes de la mode ont récuperé...
Des chansons qui parlent de bile, de folie, de flingues, d'amour destructeur, de refus acharné... Vous direz peut-être que ce n'est pas très constructif, mais de toute façon c'était perdu d'avance... Cobain était assez intelligent pour constater que la machine l'avait bouffé à son tour, au même titre que cette héro de malheur... Dèja en 1993, il chantait dans "Serve The Servants en ouverture d'"In Utero" : "Teenage angst has paid well, now I'm bored and old..." (la peur adolescente a bien rapporté, maintenant je me sens vieux et fatigué). Il n'avait que 25 ans ! Quand la révolte se heurte à la triste réalité, deux solutions : se fondre dans le moule comme Bono, ou déclarer la fin de la partie... D'où ce funeste jour d'avril 94, "It's better to burn out than to fade away" (vaut mieux partir en flambée que de se consumer à petit feu), les mots de Neil Young dans sa lettre d'adieu, et le goût de cendres dans nos bouches.
La désagréable impression de perdre un frère d'armes, quelqu'un qui ressentait ce que l'on pouvait penser de cette époque de merde, et qui déversait le fiel de la meilleure façon qui soit : en power-trio avec Grohl et Novoselic, bataillon qui aura contribué à faire tomber les connards des années 80, mais qui y aura laissé la peau ! Pour tout ça, on parlera encore et on se rappellera avec émotion de ce mec, on en transmettra le souvenir aux générations à venir...
Ah oui... Le groupe s'appelait NIRVANA !!! Ne l'oubliez pas...
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